La frontière floue entre sample et plagiat : L’exemple de Rammstein
- Simone Mazzilli
- 4 déc. 2024
- 2 min de lecture

Depuis 2019, le titre Deutschland de Rammstein est au centre d’une polémique autour d’accusations de plagiat. Le groupe français Ninja Cyborg, spécialisé dans la synthwave, a relancé le débat en saisissant la Cour d’appel de Paris. Selon eux, le groupe allemand aurait repris des éléments mélodiques et un riff de leur morceau The Sunny Road, sorti en 2018.
Richard Dubugnon, expert en musique cité par les plaignants, considère que les ressemblances entre les deux morceaux ne sont pas accidentelles. Il évoque un emprunt direct des mélodies et du riff. Ninja Cyborg souhaite que leur travail soit reconnu. "Nous voulons que ce morceau soit reconnu comme le nôtre et ne plus devoir nous justifier", a déclaré le duo.
Cette affaire met en lumière la fine limite entre s’inspirer et "copier". Rejouer un sample signifie recréer ou adapter un passage d’une œuvre existante dans un autre cadre, souvent avec des modifications et avec l’autorisation de l’auteur. À l’inverse, le plagiat consiste à reprendre des éléments musicaux sans consentement ni transformation suffisante, posant un problème d’appropriation. Ninja Cyborg accuse Rammstein d’avoir franchi cette limite avec Deutschland.
Une première tentative des Français devant la justice avait échoué en 2021, mais ils s’appuient cette fois sur des analyses détaillées. L’affaire n’est pas sans précédent. Dès sa sortie, Deutschland avait été comparé à Our Darkness d’Anne Clark (1984), bien que l’artiste britannique ait rejeté toute accusation de plagiat, y voyant plutôt une similitude fortuite, fréquente avec certains motifs musicaux.
Utiliser un sample nécessite des autorisations légales complexes : celles du producteur, de l’éditeur, des interprètes, de l’auteur-compositeur et de l’artiste concerné, ou des ayants droit si l’artiste est décédé. Ces démarches peuvent être coûteuses, surtout pour des morceaux célèbres. Toutefois, si un sample est modifié au point de devenir méconnaissable, il peut échapper à ces exigences. Sans ces précautions, le risque d’un procès reste élevé. Pour éviter les litiges, obtenir les autorisations nécessaires reste la solution la plus sûre.
Au-delà des batailles juridiques, une question persiste : à quel moment un emprunt musical devient-il un plagiat, et comment tracer une frontière claire dans un domaine où l’inspiration collective est si courante ?
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